lundi 27 mai 2019

Entrer dans le Nemeton : créer un authentique rituel celtique

Par Sithearan Nic Leoid

Traduction et adaptation par Delphine Serpentine
 
Sharon P MacLeodSíthearan NicLeòid (Sharon Paice MacLeod) est une autrice et enseignante canadienne, musicienne professionnelle et chanteuse gaélique, ban-druí and ban-fili, et celticiste d’Harvard. Elle a étudié le vieil irlandais, le gaélique écossais, l’irlandais moderne, le gallois, le cornouaillais et le breton, et chante également dans ces langues. Ces domaines de spécialité comprennent la religion et la mythologie païenne celtique, la poésie irlandais ancienne et les textes de sagesse, des déités celtiques et le folklore gaélique.Elle a enseigné la mythologie, la poésie, la littérature et la culture celtiques à un niveau universitaire, et a tenue des lectures l’Université d’Harvard et au Collège Universitaire de Cork (avec des lectures à venir au Trinity College Dublin et à d’autres endroits en Irlande et en Ecosse). Elle a publié de nombreux articles académiques sur la religion et le mythe celtiques dans les « Proceedings of the Harvard Celtic Colloquium » (Harvard University Press) et Cosmos: Journal of the Society for Traditional Cosmology (University of Edinburgh), et un chapître à parapître dans le livre académique "Thinking about Celtic Mythology in the 21st Century" (University of Wales Press)
Elle travaille pour le grand fond de projet de recherches (Eólas ar Senchais) afn d’étudier et de restaurer les rituels et la musique celtique de l’ère païenne, et travaille en partenariat avec des érudits et des porteurs de tradition des pays celtiques. Son livre le plus récent, "Celtic Myth and Religion: A Study of Traditional Belief" est utilisé dans les cours universitaires, et des exemplaires sont disponibles dans de nombreuses bibliothèques et université à travers le monde, y compris la Royal Irish Academy. Elle est la fondatrice de Túatha Imbais, et diriges des programmes de formation et des cours avancés.

La récupération et le renouveau des traditions cérémonielles indigènes est une préoccupation croissante au sein de ce monde de plus en plus déconnecté, et cela est très prometteur pour la restauration de moyens de vie durables, des pratiques écologiques saines et la préservation des connaissances anciennes. Des enregistrements sonores des aînés sont réalisés à travers le monde, ainsi que des vidéos (lorsque c’est possible) des aspects des rituels traditionnels. Pour certaines tribus, la préservation et l’instruction de la jeune génération sont les clefs. Pour les autres cultures natives, les efforts s’articulent autour de la récupération des preuves fragmentaires, partiellement oubliées. C’est le cas des pratiques rituelles celtiques, dont certaines ont disparue et d’autres qui survivent dans les communautés celtophones et qui ne sont pas rendues publiques.


Chaque livre, chaque groupe ou enseignant spirituel qui déclare pratiquer un ancien rite celtique ou druidique propose un système complètement différent, ce qui est en soi un avertissement. La grande majorité est basée sur les traditions modernes occultes, néo-païennes et néo-chamaniques dont la provenance n’est pas celtique, ainsi que d’idées new-age assorties de mots et de symboles celtiques. Et la raison en est parfaitement compréhensible : sans aîné pour transmettre une tradition intacte, ou des écrits détaillés préservant un tel système (donné et approuvé par une descendance en vie des porteurs de la tradition native), il y a alors une grande confusion et de la controverse sur ce que pourrait ou non être un rituel celtique.Ajoutons à cela le fait que les preuves que nous avons - incroyablement fragmentaires- se trouvent dans de nombreuses langues celtiques anciennes et médiévales (donc pas en anglais), et cela requiert une formation, éventuellement de niveau universitaire, pour trouver, comprendre et interpréter, et cela semble réellement ardu ! Mais pas forcément.

Cela requiert que peu d’outils. Cela inclue de la patience, un travail acharné, aucune projectionpersonnelle ou fantaisiste, du discernement, de l’ouverture d’esprit, l’absence d’ego, du respect et de l’honnêteté. Ce n'est pas parce que nous voulons que quelque chose soit d'une certaine manière, ou que nous le croyons fermement, que cela soit vrai.

Il est important que la vérité soit de la partie, d’être clair et honnête avec nous-même et les autres au sujet de la provenance des éléments d’un rituel moderne personnel ou de groupe. Si cela provient de la Wicca ou d’un Culte de la Déesse moderne, ou d’un contexte natif américain ou Bouddhiste ou de l’enfant intérieur créatif d’une personne ou d’une organisation, alors indiquez-le. Si vous l’avez créé, appropriez-le-vous ! Lorsque cela vient d’une source celtique connue, mentionnez-le également. Si une part ou même la totalité du rituel « celtique » ne provint d’une source celtique, alors nous devons commencer par là.


Il n’y a pas beaucoup de personnes prêtes à s’affranchir de leur trame rituelle habituelle et de leurs systèmes de croyance, pour « vider le chaudron » pour ainsi dire, et recréer un rituel Celtique de toutes pièces, étape par étape. Mais certains le sont, beaucoup le seront volontairement, afin d’ajuster et d’apprendre pour mieux comprendre et honorer les Ancêtres et interagir avec les Déités d’une manière à laquelle ils sont accoutumés. C’est la seule façon de retrouver et de préserver la rituellie et la connaissance Celtiques authentiques. Car en les modifiant, nous les perdons, et il en va de même avec les autres cultures. Pour ceux qui cherchent véritablement à suivre le chemin de leurs ancêtres celtophones, il y a de nombreuses manières de poursuivre, et c’est en cela que consiste l’Eolas ar Senchas Research Project. « Eolas » a plusieurs significations, ici pour désigner la « Sagesse » ou la « Guidance », « ar » signifie « notre », et « Sencha », « Connaissance de la Tradition » ou « Tradition ».


C’est un projet de recherches en cours qui utilises les Études Celtiques en tant que moyen pour apprendre puis, au final, recréer et raviver les aspects d’une pratique rituelle celtique, incluant la cérémonie, le chant, tout autant que les pratiques ésotériques. Une partie de ces travaux a été subventionnée, dont certains avec plus d’espoir. Tout comme il y a des publications et des CD, les avis seront produits ici (ndt : sur le site witches and pagans) et les médias sociaux. Mais pour l’instant, commençons par le début et explorons les sept aspects-clefs que nous connaissons sur la pratique rituelle celtique.


Le Culte dans le sens solaire : Les celtes font partie de la plus grande famille indo-européenne en termes de cultures et de langages. Ils sont tous célébré leurs cérémonies dans le sens horaire ou en suivant le soleil. Cela est explicitement indiqué par un auteur classique, lors d’un comment sur une fête gauloise. Il relève que les personnes sont assises en cercle, se passant une coupe commune dans laquelle chacun prend une gorgée avant de la passer au suivant. Il indique que la coupe est transmise selon la course solaire, « la même direction avec laquelle ils honorent leur Dieux. »


Les Quatre Directions : Il existe quelques références éparses sur les honneurs aux quatre points cardinaux. Nous savons que cela fait souvent partie des cérémonies indo-européennes, et que le cercle en sens horaire débutait à l’Est. Un passa intéressant dans un texte médiéval irlandais « The Settling of the Manor of Tara », dans lequel un être surnaturel décrit les attributs des quatre provinces d’Irlande au peuple. Les attributs primaires sont : Est – Prospérité, Sud-Musique, Ouest – Apprentissage, Nord – Bataille, et au Centre – Souveraineté. Notez que l’usage des quatre éléments (terre, air, feu et eau) ne sont pas partie de la tradition celtique. Il existe des textes ésotériques qui évoquent le « feu dans l’eau’ comme l’image de l’inspiration mais c’est un concept plus avancé qui ne fait pas forcément partie d’une cérémonie tribale.

Le Centre Sacré : Le mouvement rituel suit la direction du soleil autour du centre, qui est considéré comme le point le plus sacré. Il était probablement perçu comme la demeure de l’Arbre-Monde, un concept similaire dans l’Irlande du début était le Bile (prononcé BILL-ouh) : un mât, un pilier ou un arbre sacré vénéré. Il y avait parfois des fosses d'offrandes situées au centre d'un temple ou sanctuaire celtique ou à proximité, et des autels en bois ou en pierre avaient peut-être été placés là aussi.

Les Trois Mondes : Il existe également des preuves des premières perceptions celtiques des trois royaumes sacrés. Le Supérieur, celui du Milieu et l’Inférieur, tels qu’ils sont dans différents croyances indigènes pratiquant le chamanisme. Dans plusieurs cas, ils sont désignés par « les Cieux, la Terre et la Mer ». Dans d’autres, comme le Ciel, le Monde du Milieu de la Terre et le Monde Inférieur associé au Síd et ses monts qui sont mentionnés, indiquant par là-même que le Monde Inférieur se trouve sous la Terre.


La Réciprocité entre les Mondes : Dans de nombreux mythes et textes, nous constatons la grande importance mis sur le maintien d’une relation réciproque, respectueuse et équilibrée entre les mondes. Honorer la sagesse et la puissance des Dieux est une des façons de le faire. Se souvenir et honorer les Ancêtres, une autre encore. Vivre selon les codes traditionnels de savoir-être et préserver l’ancienne sagesse était extrêmement important. Le peuple faisait des offrandes, mais faisaient également des dons ou prêtaient des serments, de façon à favoriser ces relations.

Actes Rituels: Nous avons quelques informations sur les actes rituels (comprenant les objets utilisés) provenant d’exemples anciens, telle que la cueillette du gui et d’herbes sacrées. Il y a aussi une excellente information à propos des cérémonies et des objets liés aux offrandes provenant de l’archéologie.(…) Plusieurs siècles après, nous avons des informations détaillées sur les quatre jours sacrés celtiques : Imbolc, Beltaine, Lugnasad et Samhain. Certaines d’entre elles peuvent sembler très différentes de pratiques celtiques anciennes, cependant certains aspects ont pu survivre.
(Notez que les celtes ne célébraient pas les équinoxes et les solstices, peu importe ce que vous lisez. Ils connaissaient leur occurrence, bien sûr, et ils servaient probablement de jalons astronomiques pour calculer les quatre jours sacrés celtiques qui étaient tous placés en Nouvelle Lune. Il y a une discussion à ce sujet dans « Queen Of The Night – Red Wheel/ Weiser et dans le Vol .18 du Cosmos Journal, Université d’Edimbourg.)

Liturgie : Toutes les cultures ont des prières, des histoires, des chants traditionnels qui participent au rituel. Les cultures celtiques ne doivent pas être bien différentes en cela. En effet, étant donné l’importance accordée à la musique et à la poésie, ainsi qu’à la récitation et la préservation des savoirs traditionnels tout au long de la tradition, on peut supposer que ceux-ci auraient constitué une part importante de la cérémonie celtique.


C’est une des buts premiers d’Eolas ar Senchas project de retrouver, de recréer historiquement, puis d’enregistrer et de transmettre d’authentiques prières celtiques (à la fois anciennes et modernes), de faire des chansons et de la musique instrumentale tout aussi bien que des chants et des invocations. Nous vous tiendrons au courant lorsque les textes et CD seront prêts !


Pour le moment, il y a un exemple d’une bénédiction gaélique utilisée en Ecosse à Imbolc sur le CD The Moors, avec un accompagnement simple à la harpe. Cela suit les enregistrements de récitations de porteurs de tradition parlant gaélique, détenteurs de prières similaires. Il y a également une œuvre obtenue par le mélange de deux prières gaéliques honorant la lune, avec la même intonation vocale.

Pour ceux qui ont de l’appétit l’étude et la recherche, de nombreux chapitres pertinent se trouvent dans « Celtic Myth and Religion » (éditions Mac Farland) , ainsi que de nombreuses notes de bas de page et une bibliographie lourde et fiable prête à être explorée

vendredi 26 avril 2019

Penser comme un Païen Celte


Par Sithearan Nic Leoid

Traduction et adaptation par Delphine Serpentine



Sharon P MacLeodNée la veille de Lughnasadh, votre guide et ban-fili/ban-druid est un autre publié, une enseignante et une chanteuse et musicienne celtique. Elle donne un programme d’études celtiques à l’Université d’Harvard, et enseigne le folklore et la mythologie celtique de façon universitaire. Ses recherches sur les mythes et la religion celtiques ont été présentés l’Université d’Edimbourg, à l’Université deCork, au Congrés Celtique International, au Groupe d’Etudes des Gradués sur la Magie et la Religion Ancienne d’Harvard, ainsi qu’à une série de lectures de la Fondation Ford.

Elle a été professeure à l'Institut celtique d'Amérique du Nord et à l'Institut Omega. Et ses ouvrages incluant : ‘Celtic Myth and Religion: A Study of Traditional Belief' (McFarland), ‘Celtic Cosmology and the Otherworld: Mythic Origins, Sovereignty and Liminality’ (McFarland), 'The Divine Feminine in Ancient Europe' (McFarland), ‘'Queen of the Night' (Weiser), ‘Early Celtic Poetry and Wisdom Texts: The Three Cauldrons, The Songs of Amairgen, and other Cultural Studies’  et un chapître dans la collection académique ‘Celtic Mythology in the 21st Century’ (University of Wales Press).

Actuellement, elle est la Directrice du projet de recherches Eolas ar Senchais qui a reçu des fonds internationaux pour la restauration de la musique instrumentale et de l’art vocal authentiques celtiques antiques, ainsi qu’attester  de rituels celtiques dans un contexte socio-religieux.

Elle chante dans de nombreuses langues celtes modernes et médiévales, et est également multi-instrumentaliste. Son précédent groupe, The Moors, est culte dans la sphère païenne. Elle tient des ateliers et des programmes d’enseignements à distance, en parallèle de la rédaction de livres, de CD et  de la poursuite de ses recherches.





Dans les posts précédents, nous avions débuté l’exploration de questions-clefs telle que «  qu’est-ce qu’un celte ? » et «  comment savons-nous ce que nous pensons savoir ? ».
Il ne fait aucun doute que nous reviendrons à ces thèmes lors de notre avancée, mais pour l’instant, arrêtons-nous sur une pensée primaire à propos de ce que signifie « vivre comme un païen celte et comment cette façon de voir est pertinente aujourd’hui.

A partir des preuves archéologique et des écrits natifs, il est clair que pour beaucoup d’anciens celtes, sinon pour tous,  que leur religion était polythéiste (avec de nombreux dieux et déesses) et probablement aussi animiste, par la perception de la présence du divin dans la nature). Cette tradition culturelle important doit être gardé à l’esprit si des personnes promeuvent des points de vue divergents tels que les celtes honoraient « La Déesse » (une voie qui résonne mais reste très moderne) ou la Dame et le Seigneur wiccans.

Quelques-uns des dieux et déesses (ou les archétypes liée culturellement pertinents) ont pu se répandre largement. Par exemple, le dieu continental Lugus/Lugos se retrouve dans le dieu irlandais Lug(h) ans la figure galloise de Lleu Llaw Gyffes. Il est possible, mais pas certain, que la déesse britannique Brigantia, dont le nom signifie « L’Exaltée », peut être reliée à la déesse irlandaise Bríg, connue plus tard en tant que Brigid. Eventuellement les plus connues et attestées seront les Déesses de Souverainté ou Equine, telle la déité continentale largement vénérée, Epona ( Déesse Jument Divine), la Morrigane irlandaise et Macha, puis la galloise Rhiannon, (autant que la Medb légendaire et d’autres figures des mythes et folklores).

Il y a également des déités locales associées aux lieux, telle que la déesse irlandaise Boand (déité tutélaire de la rivière Boyne) et Sinann ( la rivière Shannon), ainsi que d’autres déesses-rivières à travers le monde celte ( Sabrina pour la Severn, Tawa pour la Tay, etc…). La perception de déesses-rivières était très largement répandue sur les territoires celtes, et certaines rivières étaient simplement nommées « Déesse » (Dea, ainsi pour les rivières nommées Dee) ou « Déesse Divine » (Dewona) come les rivières nommées Don.



Ainsi, pour nous être dans cet état d’esprit, nous devons nous visuliser dans un monde habité par d’autres êtres, qui ne sont pas visibles à l’œil nu la plupart du temps. En tant qu’animiste, le monde visible est « plein d’esprit ». Chaque rocher, chaque arbre, plante, pierre, etc… En soi, cela est une première étape puissant de dépasser l’état d’esprit moderne et de nous placer dans une toile de vie. Là, nous nous apercevons que nous ne sommes pas le centre de l’univers, mais une partie d’un réseau sacré. En quoi cela change-t-il notre quotidien ? En quoi cela influence-t-il nos décisions et la façon dont nous voyons notre vie ?  



Nous pourrions nous assoir dans une silencieuse contemplation durant un moment, pour méditer sur ce concept et parvenir à d’importantes réalisations sur nous-mêmes et le monde dans lequel nous vivons. Puis, ajouter à cela la présence de déités tribales, des déités culturelles et ancestrales aux capacités et aux aspects multiples, dont les royaumes de l’Autre-Monde sont accessibles par les tertres funéraires sacrés, les bosquets sacrés, les collines, les sommets et les pièces d’eau. Notre sentiment moderne de déconnexion et d’isolement s’évanouit lorsque nous réalisions que nous sommes entourés par le Divin, et que, si nous changions notre perception et notre compréhension, nous sommes en contact permanent avec.

Pouvons-nous permettre que cela «suffise»? Pouvons-nous apprendre à le laisser nous remplir et nous nourrir, de manière à pouvoir abandonner nos habitudes et obsessions non essentielles et parfois malsaines (aliments, médicaments, technologie, pouvoir, consommation)?

Cela fait partie de la vision indigène du monde dans de nombreuses cultures et, explique pourquoi, pour de nombreuses personnes de culture occidentale, peu importe la quantité de nourriture, de boisson, de regard ou d’achat, nous nous sentons toujours vides.

Prenez le temps parfois de contempler la présence de l’Esprit autour de vous, et la présence immortelle des Dieux et Déesses. Ouvrez-vous tel un Récipient Sacré, et laisser cette énergie vous emplir, vous nourrir, vous guérir et illuminer  une voie sacrée dans laquelle vous vous pensez et vous sentez comme un païen celte. Ce n’est pas une fantaisie ou une échappatoire à la réalité.C’est l’héritage que les ancêtres nous ont légué, et avec lequel il est possible de créer de nouvelles connexions sacrée et de changer nos vie, une fois que nous sommes en mesure de voir ce cadeau. 

dimanche 21 avril 2019

Légendes, tradition et histoire de la Sorcière-Fée



Traduction et adaptation par Delphine Serpentine


Les Sorcières féériques : l’ancienne connexion entre Le Fay et la Sorcellerie



Morgan Le Fay - Emily Balivet
De nos jours, les fées ne sont plus le produit issu de l’imagination de petites filles. Elles font également partie du monde des sorcières et des praticiens magiques. Il y a une tendance magique à travailler avec le monde invisible, nommé le « wee folk » ou plus communément les fées ou le Fay. Il existe des connections historiques et folkloriques entre les fées et les sorcières remontant à plusieurs siècles. Dans cet article, nous en apprendrons à propos de cette connexion, mais aussi où et comment la première sorcière se lia d’amitié avec les fées.



Morgan Le Fay : La « première » Sorcière féérique



Jamais entendu parler du Roi Arthur et des Chevaliers de la Table Ronde ? Il y a, dans les légendes de Camelot, des histoires sur une puissante et effrayante sorcière féérique. Morgan Le Fay de son nom, elle est, dans plusieurs versions de la légende arthurienne, la sœur du Roi Arthur. Son nom Le Fay signifie la féérique. Car Morgan Le Fay résidait sur l’Île d’Avalon, et était de nature magique. Il était dit qu’elle faisait partie du « peuple-fée » et qu’elle était également une sorcière.


Morgan Le Fay et l’Île d’Avalon 


Dans certaines versions de la légende arthurienne, Morgan Le Fay est une magicienne maléfique, alors que dans d’autres, elle est la sauveuse du Roi Arthur. La légende rapporte qu’elle prit le Roi Arthur dans sa barge pour le mener sur l’Île magique d’Avalon qui devînt le lieu de son dernier repos ou même qu’il y trouva l’immortalité. L’Île d’Avalon ou l’Île des Pommes était un lieu magique sis au-delà du voile, ou des brumes le séparant du monde séculier, et habité par les bonnes gens (les fées). Dans certains cas, l’Île d’Avalon est l’Autre-Monde, ou un endroit où vivent les fées et où la mort n’existe pas. Là vivaient neuf sœurs, dont une nommée Morgan Le Fay.


Les Procès de Sorcière féérique


Nous avons tous entendu parler de l’horreur indescriptible qui fit rage en Europe lors des procès de sorcellerie. Des milliers de personnes furent humiliées, torturées et exécutées au nom de la superstition, de l’ignorance et de l’envie. Mais beaucoup ignore quelle part jouèrent les fées dans les procès. 


La femme du pêcheur du procès de Palerme


La plupart des procès de sorcières féériques s’est tenu en Italie. En dehors des soixante-cinq cas connus, celui de la femme du pêcheur de Palerme en Sicile est le plus connu. La femme d’un pêcheur prétendait  pouvoir quitter son corps et faire la fête avec les elfes quand bon lui semblait. Elle expliqua au prêtre du coin que le Roi et la Reine des Elfes lui avaient promise des richesses et des plaisirs si elle renonçait à tous les autres dieux, y compris celui des chrétiens. Elle signa le contrat et, en de nombreuses occasions, faisait la fête avec les elfes, en esprit. Au XVI ième siècle, la foi dans les fées était très forte et beaucoup crurent que la femme du pêcheur était en rapport avec les fées, mais pas nécessairement avec le diable. Si bien qu’elle fut relâchée. Ses accusateurs tombèrent d’accord sur le fait qu’elle avait des rêves de fées et aucun rapport sexuel physique avec de démons.


Isobel Gowdie et la Reine d’Elfame


Lors d’un procès en Écosse, une accusée revendiqua avoir rencontré la Reine des Fées (La Reine d’Elfame) sous les collines.  Isobel Gowdie rapporta aussi que les fées lui avaient enseignée, ainsi qu’à d’autres femmes, comment voler sur des tiges de haricot afin d‘aller à des réunions de sorcières. La confession d’Isobel est la plus détaillée de cette période et elle peut être lu en ligne intégralement. , ainsi que dans les ouvrages académiques (si vous êtes intéressé par l’auteur et académicienne Emma Wilby qui rédigea un ouvrage entier sur les confessions d’Isobel.).



La Nature des Fées

Les Fées faisaient corps à tel point avec le folklore européen que la plupart des gens ne les associèrent pas au diable chrétien pendant une longue période. Souvent, comme dans le cas de la femme du Pêcheur, l’Église laissait l’accusé libre. Les explications de l’Église étaient que les expériences de ces femmes n’étaient que des rêveries ou un problème de santé mentale. Cependant, si les fées étaient évoquaient en alignement avec le diable ou des familiers, ou si l’accusé pensait avoir blessé quelqu’un par la sorcellerie, il était testé, torturé et/ou exécuté.    


Les irlandais et les Demeures Elfiques 


En Irlande, il est dit que si vous êtes une femme âgée, vous devez vous garder de tenir votre maison trop propre. Certains se demanderaient s’il n’y a pas une bean- tighe chez vous. Un bean-tighe (prononcé ban-tee) était une fée féminine semblable au brownie écossais qui s'occupait de la maison et surveillait les enfants. Les vieilles femmes associées aux fées étaient par la suite souvent accusées d'être des sorcières.



Guérisseurs et Amis Féériques


A l’opposé des sorcières qui font des maléfices, il y a celles qui pratiquent la magie « blanche »…une magie qui guérit les gens ou aide à retrouver des objets perdus. Ce sont des personnes spéciales ayant différents noms selon les régions, mais en Angleterre et en Irlande ils sont connus sous le nom de Cunninfolk ou Wisefolk. Nombreux de cunninfolk recevirent leur connaissance autre-mondienne des fées.


Biddy Early


Une femme irlandaise du nom de Biddy Early était une cuningfolk qui vécut fin des années 1700 puis 1800. Biddy n’était pas sollicitée uniquement pour guérir les gens mais aussi retrouver les objets perdus, guérir les animaux et aider à l’abondance des récoltes. Biddy était réputée pour sa connaissance des herbes et sa clairvoyance. Certains disaient que Biddy Early avait ses dons des fées et qu’elle portait une « bouteille féérique » qui lui chuchotait les secrets des fées.


Les Sorcières Féériques Modernes

Les cunningfolk et les sorcières du passé ne sont plus mais ils ne sont pas oubliés. Ils revivent à travers la nouvelle vague de sorcières et de praticiens magiques pratiquant les vieilles voies. Quelques sorcières féériques pratiquent la sorcellerie féérique en basant leur magie et croyances sur la tradition féérique. D’autres suivent une forme plus religieuse de sorcellerie féérique. 


La Tradition Feri


La Tradition Feri fut créée par Victor Anderson. Cette forme de sorcellerie est basée sur la sensualité et peut être très intense dans la nature. D’après mes recherches, ce n’est pas basé sur une véritable croyance et un réel travail avec les fées, mais plus sur une expérience extatique en soi. Il y a de nombreuses traditions wiccanes qui puisent dans les croyances celtiques féériques pour les rituels et la pratique.  

La VRAIE connexion entre les Fées et les Sorcières

La véritables raison pour laquelle il y a une connexion entre les fées et les  
sorcières est simple : la nature. Un amour immortel et passionnée de la nature et de sa préservation. Les sorcières arpentent la Voie Sorcière car elles cherchent à communier avec l’Univers en commençant avec Terre-Mère. Les Fées sont les esprits de la nature, et naturellement lorsque les sorcières travaillent avec la nature, elles travaillent avec les fées. Quand les esprits de la nature réalisent qu’une sorcière est une sorcières qui soigne et est synchronisée avec Terre-Mère, ils commenceront à lui enseigner leurs secrets.N’est-il pas étonnant que les sorcières aient été étroitement liées aux fées lors des procès ? Ça me semble logique.