De Kristoffer
Hughes
Traduction et adaptation de Serpentine
Kristoffer Hughes est à la tête du Anglesey Druid Ordre dans les Galles du Nord. Auteur
récompensé par un award, intervenant régulier et dirigeant d’atelier au
Royaume-Uni, en Europe et aux USA. Il travaille avec le Coroner royal. Il a
étudié à l’OBOD et il est son treizième érudit Mount Haemus, une spécialisation
Llewellyn Worlwide en études celtiques, la mort et le deuil.
L’éminent
érudit dans le domaine celtique, John Morris, écrivait au début du XXème
siècle : « Je pense que suffisamment a été dit pour démontrer que ces
poèmes, qui sont de brume et de mystère à ceux qui ont le regard fixé sur le XIXème
siècle, deviennent limpides lorsque nous les regardons de loin, et la brume, et
beaucoup du mystère avec, disparaît. ». C’est une déclaration très
courageuse, mais une de celles qui révolutionna les futures expériences
immersives des mystères celtiques, car en elle, et avec l’ensemble des travaux
d’autres chercheurs et visionnaires un postulat de départ est donné, un point
duquel percevoir et interagir avec le puzzle des mystères celtiques.
L’actuelle
tendance new-age du mercantilisme spirituel a disséqué les mystères jusque leurs ultimes composants où chaque aspect des mystères est observé à la loupe.
Cela a profondément affecté notre relation aux mystères. Dans cette
éviscération, il est tentant de diriger son attention sur l’individuation des
archétypes/divinités qui habitent les mystères. Et à partir de cela, nous
essayons de leur donner des significations et attributs de façon individuelle.
Cependant, le paradoxe de cette éviscération est que nous échouons à percevoir
l’ensemble. Dans cet essai, je me concentre sur la déesse Cerridwen, mais elle
n’existe pas par elle-même dans le vide. Elle est un des aspects d’un paysage
mythologique bien plus vaste. Pour pleinement comprendre et développer une
relation avec Cerridwen, nous devons aussi comprendre le paysage mythologique
dont elle est un des aspects inhérents. L’individuation constante des dieux en
les excluant du paysage dans lesquels ils existent ne leur rendre pas service.
La magie que nous trouvons dans notre connexion à Cerridwen est bien plus
complète et extraordinaire lorsque nous nous élevons au-dessus de l’aspect
individuel de l’archétype/divinité de façon à les appréhender comme un
composant incontournable de mystères plus vastes. En retirant un élément des
mystères de son environnement les réduisent alors en petits morceaux à partir
desquels il est très difficile de revenir en arrière pour les réassembler.
Donc
au lieu de voir Cerridwen par le biais d’une loupe, ainsi que John Morris l’a
dit, tentons d’embrasser le paysage de mythe et de magie, d’aller plus haut
dans les cieux azurés afin que la lumière soit jetée sur leur contenu. A cette
distance, les brumes qui reposent sur les fragments s’évanouissent laissant la
place aux mystères. Le mystère et la magie de Cerridwen ne peuvent être séparés
de la matière de Taliesin qui prend vie dans notre compréhension des mystères.
Ils sont inexorablement connectés l’un à l’autre. Le résultat de la saga
Cerridwen – Gwion Bach/Taliesin est la naissance d’un esprit prophétique, et
sans exception, toutes les références à Cerridwen proviennent de la bouche de
Taliesin. L’érudit gallois Ifor Williams fit une déclaration courageuse dans la
première partie du XXème siècle, une qui fut révolutionnaire à ce moment. Alors qu’il était moqué pour cette révélation,
il tint très fermement sa position jusqu’à lentement changer la façon dont les
chercheurs et les visionnaires se reliaient aux mystères. Il disait que la
matière de Taliesin, c’est-à-dire tous les mystères et quelques poèmes
déroutants, ne peut être expliquée dans faire référence à un conte populaire
qu’il nommait Hanes Taliesin (l’histoire de la naissance de Taliesin).
Les
royaumes du mystère sont difficiles à pénétrer, car au départ ils sont
invisibles à l’œil humain. Vous pouvez trouver des éléments qui y font
allusion, mais ils sont évasifs et enveloppés dans les brumes du secret. Pour y
accéder, nous devons trouver les clefs déverrouillant les portes idoines, et le
conte en est une. Mais, même lorsque nous trouvons les clefs qui vont avec les
mystères, il nous reste à trouver les serrures avec lesquelles elles
fonctionnent. La matière peut sembler à première vue contraignante voire même
déroutante, au point de se gratter la tête avec un air confus. C’est un
symptôme typique de la grande majorité des personnes qui approchent les portes
des mystères celtiques.
Cependant
il y a une clef importante qui aide toutes les autres à trouver leur serrure
aisément. Les poèmes à énigme de Taliesin et les mythologies et vers celtiques
ne peuvent être expliqués sans se référer au conte que le chercher Ifor
Williams a identifié comme étant celui de Cerridwen et Taliesin. Il
revendiquait que les métamorphoses de Gwion Bach, transformé aux moyens d’initiations
successives et une triple naissance, sont cette clef pour accéder aux mystères.
Les mythes et les poèmes légendaires et prophétiques, tous sans exception,
requièrent cette clef pour activer leur pouvoir. Une fois activé, les mystères
commencent à briller d’un éclat illuminant les derniers recoins de l’esprit. Le
procédé est très simple une fois que la clef du mystère a été reconnue. Gwion
Bach n’est seulement que la moitié de l’histoire, le reste étant accompli par
vous.
Pour
que tout ce qui suit fasse sens, à ce point, une reconnaissance réelle et
profonde doit être acceptée. Par tous les moyens, l’étude de Gwion Bach, l’étymologie
et l’interprétation de la part de l’histoire qui lui est dédié, d’un point de
recherche comme celui de visionnaire, est un exercice de mérite. Mais , pour
que le conte soit intégré en tant qu’expérience, et non comme un simple
exercice mental, nous devons accepté que le rôle de Gwion Bach est un indicatif
vous désignant, le héros dans sa propre quête vers l’inspiration et la divine
réception de l’Awen. Cela est accompli en se percevant soi-même dans le rôle de
Gwion Bach et en acceptant les outils qu’il offre avec ses archétypes liés pour
commencer le voyage. Au sens véritable du terme, c’est un voyage car il
comprend un dévouement complet à l’étude du mystère et une immersion dans les
enseignements de nos ancêtres. La quête devient une source de connaissances et
notre tentative, sincère pour accéder au ravissement béat de la connexion aux
mystères et aux dieux dans le continuum celtique. A partir de là nous
renaissons tel celui au front brillant : Taliesin. Mais souvenez-vous que
le titre « Gwion » signifie « divin » ou « venin »
ou « poison » prototypique. Cela ne doit seulement être que votre expérience,
car tenter de suivre le sillage d’une autre personne pourrait empoisonner votre
voyage. Nous devons faire ce voyage seul. Soutenus, oui, mais le voyage ne peut
être que solitaire par nature. Encore une fois, je le répète, votre perception
des mystères sera faussée sauf si vous vous placez en position centrale en tant
qu’initié. C’est une allégorie de l’initiation, et c’est Cerridwen et sa
position dans le paysage mythologique qui possède la capacité de transformer l’initié.
Cependant elle n’accomplit par cette tâche dans un néant. Elle est aussi tenue
par les mystères tout en les exprimant simultanément.
Dans
la tradition de l’Anglesey Druid Order, les archétypes et les divinités sont
intégrées dans quatre catégories. Les trois premières représentent les bras
spiralés du Triskèle : les royaumes de la terre, de la mer et des cieux.
Les dieux y sont autant l’expression du monde visible que nous. Llyr est l’océan
de notre monde, Don est la Déesse Mère de la terre et des rivières et Beli est
le bleu et le bleu de notre atmosphère. Leur caractère unique réside dans leur
nature finie, et que, lorsque le soleil avalera les planètes dont la nôtre,
leur histoire prendra fin. Toutefois, la quatrième catégorie n’est pas
nécessairement indicative des puissances subtiles de notre monde mais, plutôt,
sont classées dans notre tradition comme l’Andedion, les dieux du monde
souterrain ou les Infernaux. Ils se tiennent au bord du Chaudron, entre notre
univers et le potentiel non manifesté dans les profondeurs du chaudron.
Evidemment, les mystères du Chaudron sont si vastes, que le potentiel gisant
dans le néant est au-delà de notre compréhension. A son rebord, les mains
tendues à la fois dans un geste de salutation et d’avertissement de L’Andedion,
parmi eux, Cerridwen. Elle est le médium par lequel nous décomposons les
mystères pour les rendre plus digestes pour l’esprit humain, pour ne pas être
submergés au point de devenir fous. Dans notre société de consommation, où tout
est disponible sur un plateau d’argent, où tout s’achète, le fait que nous
devions prendre notre temps pour absorber quelque chose est presque insultant.
Mais les mystères prennent du temps, le processus d’initiation prend du temps.
Et comme Taliesin dit : « Myfi
a gefais Awen, O Bair Cerridwen, Ac ni wyddais beth yw fy ngahwd, Ai chig neu
pysgawd, A myfi a fum naw mis haiach, Ynghroth Cerridwen y wrach, Myfi a fum
gynt Wion Bach, Neithyr Taliesin wyf I bellach. » > « J’ai reçu l’Awen du Chaudron de
Cerridwen, et ce n’est pas de savoir ce qu’est ma chair, qu’elle soit de viande
ou de poisson, j’ai été en gestation durant neuf mois, dans la matrice de
Cerridwen, J’étais Gwion Bach, Mais Maintenant je suis Taliesin. »
Notre
relation aux mystères de Cerridwen sert une fonction vitale, et souvent
négligée, de provoquer la naissance du
Front Brillant. Pour initier quelqu’un de façon à ce qu’il devienne un esprit
prophétique. Le but final de cette fonction initiatrice est de devenir
Taliesin. Alors que nous explorons les multiples facettes du paysage et les
enseignements de Cerridwen, nous débutons ce processus d’initiation.
Qui
êtes-vous ? Qu’êtes-vous ? Et qu’est-ce que vous cherchez ? Qu’est-ce
qui fait que vous êtes vous ?
Je
ne crois pas que les royaumes invisibles, subtiles sont plus conscients de
notre monde que nous le sommes des leurs.
Les gens sont occupés, ils ont des vies à vivre, et cela affecte
profondément leurs capacités de perception. D’aussi loin que je m’en préoccupe,
ceux qui vivent dans les mondes subtils sont également très occupés, ils ont
aussi de la merde à faire (NdT : tel
que en anglais dans le texte) ! tout comme nous. Pour que ces mondes
se rencontrent, que les brumes se lèvent entre eux, il doit se produire un
changement dans le voile pour donner une viscosité à cette séparation afin qu’un
monde devienne conscient de l’autre, et vice versa.
Dans
les traditions païennes et druidiques, nous avons un nom pour ce procédé :
le rituel.
Ce rituel est simple mais profond. Installez-vous et invoquez cette
image : vous pénétrez dans un bosquet au cœur d’une forêt, un cercle de
onze pierres se tenant comme un gardien entre la luminosité tachetée du
sous-bois à la lumière intense du bosquet. Au centre se tient un gigantesque
Chêne. Dans se sbranches vous voyez le déroulé des saisons. Il est ancien et
détient en lui la sagesse, la magie, les sciences des mystères. Un chaudron est
à son pied et il fume. Un feu brûle en-dessous. Derrière se tient une
silhouette voilée de noire de la tête au pied, des mots de pouvoir se déversent
de sa bouche alors qu’elle jette des herbes dans le chaudron. C’est Cerridwen.
Elle est là, tel un pivot entre le monde visible que l’arbre représente et le
monde inconscient qui gît sous les racines. Approchez du chaudron et regardez…Cerridwen
n’agit pas seule.
Que sont, dans
votre vie, les qualités du Tegid Foel ? Qu’est-ce qui vous tient, vous
soutient, et comment soutenez-vous autrui ?
Que sont les
qualités de Creirfyw dans votre vie ? Qu’est-ce qui apporte joie et beauté
dans votre vie ?
Que sont les
qualités d’Afagddu dans votre vie ? Quelle est la nature de votre ombre ?
Comment impacte-t-elle sur votre vie ? Demandez-vous si Cerridwen a demandé
ou pas à son fils si il voulait changer ?
Que sont les qualités
de Morda dans votre vie ? Comment employez-vous la liminalité dans votre
travail et dans votre magie ? Quelle est la fonction de la liminalité ?
Que pouvez-vous utiliser comme les symboles du ce qui précède ?
Lorsque vous les
avez à l’esprit, approchez-vous du chaudron et jetez-les dedans. Cerridwen les
acceptera-t-elle facilement ?
Souvenez-vous : le
chaudron ne fera pas cuire la nourriture d’un lâche. Méditez en ce lieu puis
lentement, à votre rythme, reprenez conscience ici et maintenant.
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