mercredi 6 juin 2018

Les Mystères du Chaudron et le Féminin Sacré


De Laura (Violet) Rimola 
Traduction et adaptation par Delphine Serpentine

Laura (Violet) Rimola suit la voie Avalonienne, particulièrement inspiré par les religions féminines pré-chrétiennes, et les religions de l’Italie du Nord. Elle écrit des articles, des essais, des contes et des poèmes sur le Féminin Sacré. Elle est la fondatrice d’un cercle Avalonien italien à but non lucratif, I Meli di Avalon (les Pommeraies d’Avalon) depuis 2005.
 
Source Inconnue
La brume s’élève, légère, de la terre humide couverte d’un tapis de feuilles écarlates. Elle s’élève, vaporeuse, voilant les arbres nus, encerclant nos pas feutrés. La voix de la forêt est silencieuse et les limites entre les mondes sont si souples que nous pouvons porter notre regard au-delà du visible, au-delà de tout ce que nous connaissons.

Le temps du passage à travers les brumes est proche et nous sommes appelées à regarder dans le chaudron.

Nous sommes appelées à nous immerger dans le chaudron, dans son pouvoir régénérateur.

Nous descendons et descendons encore au centre du chaudron, nous autorisant à nous abandonner à sa chaleur de transformation, et nous nous rappelons doucement son ancienne fonction.

Qu’est-ce que le chaudron sacré et qu’arrive-t-il à l’intérieur ?

Au-delà de tout, quelle profonde connexion existe entre la femme et la magie du chaudron ?

Le chaudron, du latin caldaria ou caldero signifiant « ce qui chauffe » et «  ce qui garde au chaud à l’intérieur, est le lieu où la chaleur peut cuire et amener  à une profonde transformation tout ce qui est immergé dedans, est développé et élargi. Pour assurer que la chaleur augmente et reste constante, il est nécessaire d’allumer et d’entretenir un feu avec soin, et pour cette raison, le chaudron est inextricablement lié au feu, l’élément naturel qui active son pouvoir de transformation.

Par la cuisson s’opère aussi une lente et patiente distillation, qui fait s’évaporer tout ce qui est superflu et réduit la matière brute à son essence, sa substance originelle.

Depuis les temps anciens, le chaudron était un objet associé au monde féminin, et aux femmes (NdT : je pense que l’auteur évoque les femmes en âge de procréer) seulement, dans lequel il était dédié à un usage quotidien, connaissant les secrets les plus intimes. Dans la tradition Avalonienne, celles qui enseignent les pouvoirs du chaudron sont des femmes divines, et le chaudron est le centre de leur sororité sacrée (NdT : Assez amusant car à chaque cérémonie, je nous vois toujours autour d’un chaudron. Et vous ?)

Neuf vierges assemblées en cercle gardant le chaudron chaud grâce à la chaleur de leur souffle.

La sage Cerridwen tourne et touille, cuit et transforme, enseigne l’art patient de la distillation qui disperse le poison nuisible ou ce qui n’est pas nécessaire à notre croissance, nous laissant capable d’accéder à l’âme essentielle contenant la lumière de la connaissance.

Finalement, Branwen, la femme aux plumes blanches, vigile du passage de la mort à la vie, relâche l’essence « volatile », la rendant blanche et lumineuse.

Chacune de ces déesse incarne le chaudron et transmet l’expérience de ses mystères – la transformation qui distille la matière brute et rend l’âme blanche et légère par le maintien d’une chaleur constante- suggérant que cela ne sera jamais vécu de façon extérieure, mais seulement en notre for intérieur.

Car le chaudron est intérieur, au plus profond de nous-même.

Durant une longue période, les femmes se dévouèrent pour cuisine, bouillir et distiller, et pendant aussi longtemps, elles veillèrent à la chaude magie du chaudron, qui agissait concomitamment leur sien propre, jour après jour. Le chaudron était relié au centre de la maison, le feu sacré brûlant, le foyer du féminin sacré. C’était la source nourricière et aussi de vie, comme la femme l’est.

Sa forme ronde, large et chaude rappelle la magnifique matrice féminine, mais aussi des fesses pleines et la yoni sacrée. Cela représente la divine matrice de la Grande Mre, la source de vie et l’endroit où l’âme essentielle est régénérée, transformée après la mort, pour émerger à nouveau afin d’embrasser une vie nouvelle.

La matrice féminin est cependant la plus naturelle et puissante expression du chaudron incarné, qui selon certaines légendes est fait de la matière la plus pure et contenant un feu perpétuel. Pour cette raison, plus le chaudron était grand, de belle capacité pour tenir et assembler les influences du divin féminin que l’Ancienne Mère donna à ses filles, plus il était considéré beau, bon et sacré.

Chaque femme est la porteuse du chaudron sacré, et sa beauté est toujours unique, mais elle appartient à tous. Chaque femme, étantdans un cercle avec ses sœurs, est un sanctuaire de transformation et de régénération, et la danse des femmes assemblées et rassemblées est la douce et ronde danse de l’ancien chaudron.

Descendre dans le centre du chaudron, dans son intérieur sûr et protecteur, nous immerge en notre propre centre. Nous retournons à la matrice et nous nous abandonnons à la magie régénératrice du féminin sacré, retournant une fois de plus dans l’obscurité reposant et maternelle du temps de la gestation, pour être formées et recréées selon notre vérité intérieure.

Dans le chaudron, nous comptons sur la transformation, lentement en nous laissant être distillées jusqu’à la dispersion de ce dont nous n’avons pas besoin et qui souvent nous empoisonne, pour redécouvrir notre véritable essence. Le goutte brillante contenant l’univers entier.

Nous immerger dans le chaudron peut être difficile ou facile. Cela peut prendre un long moment ou un battement de cil, mais quand nous en franchissons le seuil nous trouvons que le chaudron, miroir de la matrice de la terre, est un endroit de chaleur et d’amour où il n’y a pas de peur car toute blessure est guérie et toute crainte, apaisée.

La transformation du chaudron, en fait, ne nous mènera jamais à être différente ou à devenir une inconnue par rapport à ce que nous sommes vraiment. Car la transformation du chaudron est un retour aux origines. Et dans le chaudron, nous ne trouvons pas seulement notre vérité, mais nous recevons aussi le don de mémoire de la source de toutes choses, ce qui ouvre notre œil à la lumière de conscience.

Laissons-nous apprendre à nouveau à être de vivants chaudrons, des chaudrons sacrés incarnés. Laissons-nous écouter à nouveau notre matrice et agir selon sa voix, l’instinct de nos tripes.

Nous pouvons garder notre feu intérieur dans la chaleur de notre souffle, alors que nous apprenons de la sororité des neuf vierges.

Nous pouvons tourner et touiller, chauffer, laisser s’évaporer les illusions brumeuses de notre ego, distiller notre essence jusqu’à la dernière goutte, comme nous le montre la sage Cerridwen. Et, finalement,nous pouvons rendre notre âme blanche et brillante, notre Moi réel, en apprenant encore à voler dans le royaume de l’esprit comme Branwen, Celle qui Se Libère, nous invite à le faire.

Donc faisons-le, éveillons en nous le pouvoir du chaudron, nous réapprendrons ses secrets. Et comme nos bien-aimées ancêtres et anciennes, connectées à nous par le sang et par l’esprit, nous deviendrons les gardiennes de ses mystères. .

Regardez dans le chaudron, entrez dans sa chaleur, et laissez-la vous transformer et vous régénérer. Ainsi est la magie qui fera de vous la personne que vous êtes destinée à être depusi votre naissance.


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